SOCIÉTÉ

Gérer l’autorité

La famille n’est pas une démocratie. Plutôt une dictature bienveillante dominée par les parents. Qu’advient-il de l’autorité parentale lorsque la moitié des enfants qui vivent sous notre toit ne sont pas « à nous » ?

ZONES FLOUES

Un flou certain entoure l’exercice de l’autorité dans plusieurs familles reconstituées. « Tu as toujours un rôle de parent, parce que la mère n’est pas toujours là, estime Yves, qui a vécu pendant près de 10 ans avec une femme qui avait déjà un fils. Tu as des responsabilités face à l’enfant. »

Les limites de l’autorité changent aussi, selon l’âge des enfants, ce qui ne simplifie pas forcément les choses. « La ligne à ne pas traverser, dans certaines situations, c’est de ne pas me choquer ou intervenir sans en parler à leur mère », estime Daniel. Yves est d’accord : « Dans le doute, abstiens-toi ! »

UN LIEN FRAGILE

Un beau-père n’est pas un père. Il ne bénéficie pas de l’amour inconditionnel des enfants de son amoureuse. Daniel le sait et ça teinte ses interventions auprès des trois fils d’Anne. Parfois, il se garde une petite gêne. « Je peux avoir peur de briser le lien que j’ai avec eux », admet-il. Anne le sent. Ses fils sont pourtant bien avertis : même si l’un d’eux rechigne parfois à recevoir des consignes de Daniel, l’adulte, c’est lui.

NOS ENFANTS, MON ENFANT

« Je ne me suis jamais interposée [entre Daniel et mes fils] », assure Anne. Yves, lui, a vécu des situations inconfortables à cet égard. « Je me faisais souvent reprocher mes interventions [face au fils de ma conjointe], mais jamais par rapport aux deux autres enfants dont j’étais le père biologique, raconte-t-il. Si je fais une intervention auprès de l’enfant et que je ne suis pas soutenu par sa mère, je perds toute crédibilité auprès de l’enfant. » « J’ai connu des gens qui prenaient la défense de leur enfant et n’accordaient aucune autorité à leur nouveau conjoint, raconte Julie. Le couple ne durait pas longtemps dans ce temps-là. » Bref, la solidarité parentale semble encore plus cruciale dans une famille reconstituée que dans une famille nucléaire conventionnelle.

SE PARLER, S’ÉCOUTER

« Daniel et moi, je pense qu’on se parle vraiment beaucoup », constate en riant Anne, mère de trois garçons et belle-mère d’une fillette. Communiquer est capital dans un contexte de famille recomposée. Et ce n’est pas un psychologue qui le dit. « Je pense qu’il faut demander à l’autre d’orienter nos interventions, estime Yves, demander à ma conjointe dans quelles situations elle préfère intervenir elle-même. Ce n’est pas mauvais, ces discussions-là, ça peut même être constructif pour le couple. »

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